Pour faciliter l'intelligence de ce cours inédit de Durkheim, et pour comprendre ce que l'auteur
entendait par physique des mœurs, pourquoi il accordait, dans l'étude de la morale, une priorité à la
description des mœurs, et, plus généralement, en sociologie, à la définition et à l'observation des faits,
on voudrait dégager brièvement ici quels furent les thèmes majeurs de la doctrine et les préceptes
essentiels de la méthode du fondateur reconnu de la sociologie française.
Deux thèmes d'abord apparaissent d'une importance égale et qu'il faut successivement dissocier,
pour apercevoir par où ils s'opposent, et associer, pour comprendre comment ils se concilient et
donnent à la sociologie sa base de départ et la direction de son progrès : le thème de la science et le
thème du social, le premier qui renvoie à ce qui est mécanique et quantitatif, le second à ce qui est
spécifique et qualitatif. Qui ouvre ce bréviaire du sociologue que constitue le petit livre paru en 1895 sous le titre Les
règles de la méthode sociologique et tombe naturellement d'abord sur le premier chapitre : « Qu'est-ce
qu'un fait social ? » et y voit naturellement aussi, sans aucune surprise, définir en premier lieu l'objet
de la nouvelle étude, le fait social, affirmé comme spécifique et irréductible à aucun élément plus
simple qui le contiendrait en germe, ne pourra guère hésiter à présenter comme premier le thème du
social ou de la socialité. Le fait, saisi sous l'angle où il est proprement social, n'est-ce pas, en effet, ce
qui répond au nom même de la sociologie et en même temps lui offre son objet ? Si cependant, sans
rien méconnaître de cette importance du « social », nous avons énoncé en premier lieu le thème de la
science, c'est que le thème de la science éclaire l'intention première de la doctrine et précise le
caractère de la méthode.

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