Plus de deux millénaires séparent la psychologie des penseurs grecs de la psychologie
d’aujourd’hui. Dans cet intervalle, l’homme est passé de l’écriture sur une
tablette d’argile à l’écran tactile. Dans cette longue histoire, la psychologie
scientifique n’occupe qu’un temps très court, un peu plus d’un siècle. Non seulement
il a fallu vaincre les barrières religieuses comme pour toutes les sciences (ex. interdiction
de disséquer des morts pour la médecine) mais du temps supplémentaire fut
nécessaire pour considérer l’homme, c’est-à-dire soi-même, comme un objet d’étude,
ou plutôt, un animal d’étude. Il a fallu des génies à la forte personnalité, comme
Darwin, Freud, Watson, pour imposer contre l’opinion courante un regard objectif sur
l’esprit humain et pour appliquer à cette étude les méthodes scientifiques de la chimie
et de la physiologie.
La révolution informatique a, plus récemment (à partir des années 1950), transformé
profondément notre vision du fonctionnement psychologique comme, au temps
de Descartes, la mécanique avait suggéré l’automate comme modèle de la machine
humaine. Le cerveau, siège de l’esprit, moteur des comportements, est vu dorénavant
comme un ordinateur. Certes, il n’est pas fabriqué de composants électroniques, mais
l’ordinateur a beaucoup évolué lui-même en passant des diodes aux microprocesseurs.
Avec ses deux cents milliards de neurones (le cerveau proprement dit contient cent
milliards de neurones mais le cervelet en contient lui aussi cent milliards), le cerveau
humain capte l’information et l’interprète (perception), code l’information venue de
l’extérieur et fait de la synthèse d’objets mentaux (mots et images), stocke des informations
(apprentissage, mémoire) pour profiter des expériences passées et les recombine
pour apporter des solutions nouvelles (intelligence). Ces grandes fonctions mentales
sont regroupées sous le terme de « cognition » ou « processus cognitifs » du latin
cognitio = connaissance ; action d’apprendre (Gaffiot, Dictionnaire abrégé latin-français,
Hachette, 1936). Ces termes ont été réintroduits par l’américain Edward Chace Tolman
(cf. chap.4), pour désigner les mécanismes de représentations mentales, plan, intention,
etc., mais existaient déjà dans le vocabulaire de la philosophie européenne, chez Kant
(philosophe allemand du xviiie
) et plus lointainement utilisés dès le xive
par le théologien
français Oresme (E. Littré, Dictionnaire de la langue française, Librairie Hachette &
Cie, 1883). Cependant si les fonctionnements de certains processus sont abstraits au....
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