Les gens catégorisent quelqu’un qui
est susceptible d’être catégorisé de plusieurs façons en s’appuyant sur
quelques éléments qui guident leur choix.
Ainsi, si vous entendez parler votre
professeur de psychologie d’un de ses amis, qui est un peu timide, aime la
pensée orientale et l’ésotérisme. S’agit-il d’un sinologue ou d’un
psychologue ? Si vous répondez psychologue, vous avez fait fonctionner
l’heuristique de représentativité qu’on appelle communément en perception sociale
et attributions causales : l’erreur de représentativité.
Dans les années 1970, le psychologue
américain David Rosenham s’est présenté dans différents hôpitaux psychiatriques
et il a demandé à y être admis parceque, disait-il, depuis plusieurs semaines,
il entendait des voix qui lui parlaient de « vide »et de
« creux » ; plusieurs de ses collègues firent la même chose. Au
total, deux admissions dans douze hôpitaux différents furent demandées. Toutes
furent accordées, onze avec le diagnostic de schizophrénie, et une de psychose
maniaco-dépressive.
Une fois admis dans l’hôpital, les
pseudos-patients se comportaient normalement, disaient qu’ils n’entendaient
plus de voix, et demandaient qu’on les laisse sortir. Les séjours varièrent de
7 0 52 jours avec une moyenne de 19 jours, et tous ressortirent avec un
diagnostic de schizophrénie ou de psychose maniaco-dépressive en rémission.
Pendant leur séjour, les pseudo
patients passaient leur temps à noter leurs observations: le temps infime
pendant lequel ils voyaient un médecin, et le nombre très élevé de médicaments
qu’ils recevaient. Ces annotations renforçaient l’idée d’anormalité auprès du
personnel soignant. Une catégorie de personnes, cependant, ne fut pas
dupe : il s’agissait des vrais patients qui croyaient que les
expérimentateurs étaient des journalistes ou des professeurs.
Rosenham(1973,1975) provoqua un
immense tollé lorsqu’il fit connaitre ses résultats. Encore maintenant, ses recherches
constituent un sujet sensible chez les psychiatres qui disaient dans la plupart
des cas : une telle erreur ne serait pas possible. Rosenham mit donc un
hôpital au défi de repérer les pseudos patients qu’il leur enverrait durant les
mois suivants.
Le temps écoulé, Rosenham se réunit avec le
staff qui avait repéré un certain nombre de pseudo patients. Tout le monde
n’était pas d’accord sur l’identité de ces pseudo-patients, mais tous en
avaient observé alors que Rosenham n’en avait pas envoyé un seul.
Comment se fait-il que des
professionnels du diagnostic puissent se tromper alors que les vrais malades
mentaux sont de meilleurs percevant ? (…à suivre)
Mohammed SOUALHINE
Mohammed SOUALHINE
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