mardi 8 août 2017

L’erreur de représentativité (partie 1) :








Les gens catégorisent quelqu’un qui est susceptible d’être catégorisé de plusieurs façons en s’appuyant sur quelques éléments qui guident leur choix.
Ainsi, si vous entendez parler votre professeur de psychologie d’un de ses amis, qui est un peu timide, aime la pensée orientale et l’ésotérisme. S’agit-il d’un sinologue ou d’un psychologue ? Si vous répondez psychologue, vous avez fait fonctionner l’heuristique de représentativité qu’on appelle communément en perception sociale et attributions causales : l’erreur de représentativité.
Dans les années 1970, le psychologue américain David Rosenham s’est présenté dans différents hôpitaux psychiatriques et il a demandé à y être admis parceque, disait-il, depuis plusieurs semaines, il entendait des voix qui lui parlaient de « vide »et de « creux » ; plusieurs de ses collègues firent la même chose. Au total, deux admissions dans douze hôpitaux différents furent demandées. Toutes furent accordées, onze avec le diagnostic de schizophrénie, et une de psychose maniaco-dépressive.
Une fois admis dans l’hôpital, les pseudos-patients se comportaient normalement, disaient qu’ils n’entendaient plus de voix, et demandaient qu’on les laisse sortir. Les séjours varièrent de 7 0 52 jours avec une moyenne de 19 jours, et tous ressortirent avec un diagnostic de schizophrénie ou de psychose maniaco-dépressive en rémission.
Pendant leur séjour, les pseudo patients passaient leur temps à noter leurs observations: le temps infime pendant lequel ils voyaient un médecin, et le nombre très élevé de médicaments qu’ils recevaient. Ces annotations renforçaient l’idée d’anormalité auprès du personnel soignant. Une catégorie de personnes, cependant, ne fut pas dupe : il s’agissait des vrais patients qui croyaient que les expérimentateurs étaient des journalistes ou des professeurs.
Rosenham(1973,1975) provoqua un immense tollé lorsqu’il fit connaitre ses résultats. Encore maintenant, ses recherches constituent un sujet sensible chez les psychiatres qui disaient dans la plupart des cas : une telle erreur ne serait pas possible. Rosenham mit donc un hôpital au défi de repérer les pseudos patients qu’il leur enverrait durant les mois suivants.
 Le temps écoulé, Rosenham se réunit avec le staff qui avait repéré un certain nombre de pseudo patients. Tout le monde n’était pas d’accord sur l’identité de ces pseudo-patients, mais tous en avaient observé alors que Rosenham n’en avait pas envoyé un seul.

Comment se fait-il que des professionnels du diagnostic puissent se tromper alors que les vrais malades mentaux sont de meilleurs percevant ? (…à suivre)

Mohammed SOUALHINE

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